Critique du site " Comprendre la relativité "(membres.lycos.fr/bvr/relf00.html)


D'abord sur le titre: vous intitulez votre site : "Comprendre la relativité".
Il me semble très inadéquat. En effet, quand on lit le contenu du site, on voit qu'il signifie en gros: "Je ne comprends pas la relativité et par conséquent je proclame qu'elle est absurde et qu'il n'y a rien à y comprendre, et je vous présente mon incompréhension". Vous n'apportez pas quelque chose à la compréhension, mais vous prolongez le manque de compréhension en abondant dans le sens de la maladresse des présentations habituelles de la théorie, tout en signalant que ce n'est pas clair et en prétendant qu'il est impossible de l'éclaircir davantage.

Je voudrais vous signaler mon site où justement je présente cette théorie de façon très différente, de façon à la rendre claire et intuitive (par une intuition adaptée):
http://spoirier.lautre.net/relativite.html
Je pense qu'une fois cela assimilé, les questions que vous posez n'ont plus d'objet.
D'autre part, voici quelques commentaires particuliers sur vos remarques:

- "Malheureusement, le manque de solidité des fondements logiques de la théorie est source de nombreux malentendus"

Les fondements logiques de la théorie sont parfaitement solides et rigoureux. On peut regretter que les cours habituels d'initiation ne montrent pas clairement ce fait,  néanmoins, en la présentant autrement (notamment à partir de la forme bilinéaire symétrique sur l'espace vectoriel associé, et de son groupe d'invariance), cela apparaît alors sans l'ombre d'un doute.

- "l'esprit impose ses règles à la nature."

Il ne s'agit pas de prétendre imposer des règles à la nature, mais des axiomes à l'étude théorique d'un certain domaine expérimental. La première théorie physique est la géométrie euclidienne.
Pour pouvoir l'étudier mathématiquement, il faut des outils mathématiques, et notamment poser des axiomes.
Nul n'a contesté la pertinence de l'approche axiomatique de la géométrie euclidienne.
Et pourtant on sait maintenant que cette géométrie est fausse (à cause de la relativité générale), donc ses axiomes sont faux. Cela n'empêche pas les géomètres de continuer à travailler suivant leurs calculs de géométrie euclidienne, en partant de ses axiomes, qui sont faux. On sait que l'erreur qui en résulte est négligeable, et c'est tout ce qui nous intéresse.

- La simultanéité:  "il n'y a pas de raison de donner à priori une exclusivité à l'électromagnétisme."

Toutes les connaissances actuelles sur les particules et interactions connues (le photon étant une particule parmi des dizaines), vérifiées avec une extrême précision (dans nos accélérateurs de particules qui font collisionner non seulement des électrons mais aussi des noyaux atomiques...), confirment que toutes les particules (et les champs associés) sont relativistes et donc toutes les définitions envisageables de la simultanéité quels que soient les particules en jeu coïncident. L'avantage de l'électromagnétisme est que son comportement relativiste apparaît déjà dans les équations de Maxwell, donc est connu des étudiants qui démarrent le cours de relativité, tandis que le comportement relativiste des autres particules n'a pas encore été formulé à ce stade (mais est tout aussi valable).

Que voulez-vous dire par "le temps et l'espace sont considérés comme des entités objectives" ? Je dirais même le contraire, puisqu'elles dépendent ici du référentiel alors qu'elles étaient fixes avant. Et même, qu'avant elles influençaient explicitement les lois, tandis qu'ici elles ne le font plus car seule la métrique d'espace-temps le fait.
<<Il faudrait donc considérer qu'une infinité de "temps" "existent">>
Façon de dire... avant de parler du nombre de temps et de leur existence, il faudrait d'abord définir le concept de temps. Vous le considérez comme a priori "existant" ayant telle forme a priori, et cet a priori oblige à le voir suivant cette forme d'au moins une manière, laquelle n'est en fait plus unique donc vous oblige à le voir comme "existant" également de multiples autres façons...
Pour éviter le problème il faut rejeter cet a priori et mettre à la place des notions plus adéquates à la théorie, comme j'explique sur mon site: d'une part, une relation d'ordre, d'autre part une notion de longueur...

- "L'espace-temps": je ne suis pas d'accord avec votre conception. Je considère l'espace-temps comme un concept clair, et dans mon texte j'explique pourquoi. L'impression de pouvoir l'imaginer est pour moi véritable, c'est-à-dire qu'elle permet de maîtriser la théorie et ses prédictions de manière intuitive et efficace.
Je ne vois pas ce que vous pourriez exiger de plus.

- "ce qui augmente le risque de confusion entre le modèle mathématique et la réalité."

Voir mon chapitre "qu'est-ce que la physique mathématique": de toute manière, comment espérer ou prétendre à une quelconque ressemblance de nature entre un objet physique et un phénomène mental ? A quoi bon signaler que la réalité est différente, car de toute manière on a beau dire qu'elle est différente, je ne vois aucun moyen quel qu'il soit de penser à la réalité d'une manière qui diffère du fait d'en faire un modèle mathématique.

- Les horloges: il y a un problème, oui ou non ?
- Les règles: évidemment qu'il n'y a pas d'objet parfaitement rigide, mais même si ce sont des ressorts, cela n'a aucune importance tant que l'accélération
est nulle, c'est-à-dire qu'il y a équilibre dans le référentiel considéré. L'important, c'est que puisqu'il y a équilibre (que la tension du ressort est
constante au cours du temps), on peut en déduire la longueur du ressort comme fonction de sa tension qui est constante.

- L'abstraction: quel est le problème ? Mathématiquement, ça marche, c'est très puissant, ça a fait ses preuves.
Intuitivement, les gens n'ont pas tous la même intuition, la même habitude de pensée. Ce qui paraît abstrait et calculatoire aux uns peut être intuitif aux autres. Voyez
http://matexo.emath.fr/exemaalt/index.html et suivez le lien "la métaphore musicale".

> Après ces transformations, on essaie de recoller les résultats à la réalité, ce qui n'est pas évident,

ça dépend des gens et de ce à quoi ils sont familiers

> et mène parfois à certaines aberrations.

Lesquelles ? Si on ne sait pas bien le faire c'est normal.
Chacun son art et son métier. Si on me chargeait un jour de faire un travail de plombier (au hasard), les problèmes auxquels je serais confrontés ne seraient pas évidents pour moi et me mèneraient à certaines aberrations.

>    (Comment, par exemple, interpréter un paramètre de temps négatif ou
>    imaginaire?)

Je ne vois pas le problème. Ce n'est qu'une question d'habitude. Du moment qu'on sait arriver à des résultats corrects.

- Le paradoxe du jumeau: "L'explication est un peu simple." elle est parfaitement claire et rigoureuse. Pourquoi chercher compliqué quand on peut faire simple ?

"En effet, la réciprocité est une des bases de la théorie de la relativité,"
Les propriétés métriques du plan sont invariantes par changement d'orientation (symétrie axiale).
Les propriétés géométriques d'une figure du plan comme par exemple une spirale qui présente une dissymétrie, ne sont pas symétriques.
Quel est le problème ?

"ne fait pas intervenir les accélérations. On s'aperçoit donc que, dès que l'on veut appliquer la théorie à la réalité, on se trouve dans une situation fondamentalement différente de celle sur laquelle est basée cette théorie."

J'ai commenté sur ce point dans mon texte.

" Et, bien que la relativité prône l'équivalence de "tous" les systèmes inertiels, il semble qu'en réalité il n'en existe qu'un seul, à savoir celui qui n'a jamais subi aucune accélération."

tous ceux qui ne subissent jamais d'accélération. Vous décidez de n'en retenir a priori que deux dont l'un est inertiel et l'autre n'étant pas inertiel est éliminé. Quel est le problème?

- "il ne pourra pas déterminer la vitesse propre de son système." Vous n'avez pas défini ce que vous entendez par "la vitesse propre de son système".
" Cependant, nous savons très bien qu'en réalité cette probabilité [ que la terre est immobile dans l'espace] est faible." la probabilité de QUOI ?
Comment définissez-vous l'immobilité ? Qu'est-ce que ça change ? Pourquoi parler pour ne rien dire ?

-  (Ce n'est pas le Temps qui fait marcher les horloges, mais le mouvement des horloges - et des autres objets - qui, dans notre esprit, donne naissance au concept de Temps).

Et qu'est-ce qui donne naissance dans notre esprit au concept de mouvement alors ?

>- Les postulats: Ils peuvent être supprimés.  Les transformations relativistes découlent de la nature des phénomènes et non d'un quelconque à priori.

C'est quoi la nature des phénomènes ? Pouvez-vous la définir simplement pour qu'on voie comment tout ceci en découle ?

- " L'espace-temps garde toute sa valeur en tant qu'instrument dans les modèles mathématiques.
  Il n'est cependant ni nécessaire, ni souhaitable de donner à ce concept un caractère réel."

Que voulez-vous dire par "donner un caractère réel" à quelque chose ?

"Mais cela ne veut pas dire que chacun EST immobile, car cette affirmation est absurde."

Ce n'est pas l'affirmation qui est absurde, mais c'est la définition de l'objet sur laquelle elle porte qui n'a pas de sens. Cette distinction est essentielle.

"Cependant, la justification de ces résultats sera différente si les observateurs sont en mouvement relatif"

Ce sont deux présentations équivalentes du même phénomène.

"mais ils ne pourront pas déterminer qui a raison."

Ca n'a pas de sens de dire que quelqu'un aurait raison et l'autre non. C'est comme dire si j'ai deux objets posés sur une table, que l'un est à gauche de l'autre ou que l'un est derrière l'autre. Quelqu'un situé de l'autre côté de la table dira le contraire.
Pourquoi faudrait-il qu'il y en ait un des deux qui ait raison ?

>  Dès lors que tout mouvement est le résultat d'une somme d'accélérations, qui sont des phénomènes réels, observables et quantifiables, il est justifié de donner un caractère absolu au mouvement du système.

Dire cela suppose de définir l'immobilité comme étant celle relativement à l'état qu'avait réellement le système à un certain moment particuler avant qu'il n'accélère, moment qui réclame à être précisé, à moins de s'en remettre à un axiome d'immobilité originelle tous les corps à la création de l'univers. Cet axiome est implicite dans la phrase suivante
"Le 'mouvement propre' est la résultante de tous les changements de la vitesse du système depuis ses origines."
et est en contradiction avec la théorie du big bang.

"  Le fait qu'en pratique on ait pas connaissance de toutes les accélérations passées ne change rien à ce principe."

Ah bon, mais il faudrait définir sur quoi il repose alors. A moins que ce soit un "principe" bien sûr. Tiens je croyais qu'il n'y avait pas de postulat.
C'est quoi alors ? Mais surtout, concrètement ça donne quoi/ ca veut dire quoi ?

" Je suis persuadé que cette approche permettrait non seulement de comprendre mieux la physique moderne et de la débarasser de nombreux malentendus, mais aussi d'ouvrir de nouvelles voies pour le développement de la théorie."

Et moi je suis persuadé exactement du contraire. Cela viderait la physique de son sens et la livrerait à l'arbitraire, quelque chose qui autorise n'importe quelle supposition (formule de comportement etc) mais ne permet en rien de prédire laquelle est la vraie. Et cela compliquerait les choses énormément.

De toute façon, les étudiants qui arriveraient en thèse avec de telles idées se feraient dire avec juste raison qu'ils n'ont rien compris et doivent reprendre les choses à zéro pour pouvoir passer aux choses sérieuses (comprendre la physique moderne qui repose sur la relativité)


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