Le propos de M. Hachel est de nous présenter une "nouvelle théorie
de la Relativité".
Ses hypothèses de départ sont au fond communes avec la Relativité
restreinte communément admise, sauf qu'il choisit de définir
le temps d'une autre manière:
Non plus comme étant ce qui peut servir de coordonnée dans un repère de l'espace-temps, correspondant à un référentiel galiléen fait d'horloges immobiles les unes par rapport aux autres et synchronisées en prenant les milieux d'intervalles de temps de l'émission et de la réception d'un signal lumineux de sorte que cette notion soit invariante par rotations-translations spatiales; cette définition abstraite du temps coupée de l'expérience étant du même coup prise comme manière de "voir" fictivement les choses.
Mais comme étant ce qu'un observateur situé physiquement
en un point observe effectivement: l'image du monde qu'il reçoit par
la lumière à chaque instant.
En effet, l'impossibilité de transmettre des informations "plus vite
que la lumière" signifie en fait que cette expérience concrète
assimilant le présent au cône de lumière passée
d'un point s'approche finalement mieux de la notion *philosophique* d'"instant
présent" que ne le fait la coordonnée de temps abstraitement
définie dans un référentiel.
Sa "vitesse réelle" désigne le rapport de la distance parcourue par le véhicule (distance entre des objets immobiles pour le premier observateur) par le temps mesuré à l'intérieur du véhicule.
La problématique de ce choix est:
Quelle est alors la pertinence de reconstituer une formuation mathématique
de la Relativité restreinte réellement en termes de ce qu'on
voit ? Une telle démarche a-t-elle un sens, et peut-elle aboutir à
des formules et arguments simples ?
Le pari de la Relativité Hachélienne serait d'y répondre
par l'affirmative. Une telle ambition est parfaitement défendable et
intéressante, donnant lieu à une vision des choses d'apparence
éloignée des cours traditionnels de Relativité restreinte
mais tout aussi valable.
A condition bien sûr de reconnaître l'évidence du fait
qu'au-delà des différences de conventions et de l'apparence
des formules, les hypothèses effectives sont les mêmes et les
constructions doivent donc déboucher sur une expression des choses
mathématiquement équivalente aux formules standard de la Relativité
restreinte, via des changements de variables appropriés.
Cela n'a pas été toujours l'attitude de M.Hachel dont les vérités
ont varié au fil de ses réflexions (sans jamais cesser d'être
claires), parfois en désaccord, et enfin maintenant en accord avec
ce qui était démontré depuis longtemps.
Cependant :
1) Cette ambition n'est pas originale, car les propriétés de
"ce qu'on voit" en Relativité ont été étudiées
depuis longtemps et les outils mathématiques adaptés sont bien
connus. C'est la théorie des spineurs, qui intervient directement dans
la définition des spins demi-entier en physique des particules (équation
de Dirac de l'électron par exemple).
2) M. Hachel n'a pas su mener son projet à bien, car ses formules sont encore très ressemblantes aux formules de transformation de Lorentz en plus compliqué encore, le changement de variable les reliant à ces dernières étant cousu de fil blanc; il n'a pas su dégager de ses raisonnements la clarté et la simplicité pourtant bien connues de ce qui fut réalisé en cette matière par la théorie des spineurs.
(Cela me donna l'occasion de compléter mon texte sur la relativité, avec des développements en rapport avec cette question)
Enfin, pour revenir une dernière fois sur l'erreur qu'il avait commise
avec son histoire de roue relativiste (bien qu'il y ait eu déjà
de bonnes réponses là-dessus) et l'expliquer encore en d'autres
termes:
Il supposait une roue qu'on fait tourner, non une roue concrète mécanique,
mais une abstraction mathématique afin d'éliminer toutes les
imperfections dues aux propriétés mécaniques des objets
réels.
Avant même que la vitesse de la périphérie n'atteigne
celle de la lumière, il faisait une faute en supposant que la roue
puisse être parfaitement rigide et puisse exister au repos et être
mise mettre en mouvement.
En effet, si on fait abstraction du fait que l'élasticité d'une
roue concrète ne peut être inférieure à une certaine
valeur à cause de l'impossibilité que la vitesse du son dans
le solide soit supérieure à celle de la lumière dans
le vide, et qu'on suppose, de façon totalement abstraite donc, que
la roue est parfaitement rigide, il s'en suit d'après la Relativité
restreinte (je veux dire que cela se déduit de la Relativité
restreinte sans faire d'hypothèses sur la gravitation) que dans le
référentiel non-galiléen de la roue, l'espace n'obéit
plus à la géométrie euclidienne, mais c'est un espace
courbe, de courbure négative. La circonférence de la roue est
supérieure à 2pi R (le rayon R se définissant bien sûr
comme étant la distance au centre et étant le même du
référentiel non-galiléen de la roue au référentiel
galiléen extérieur). C'est donc une circonférence supérieure
à 2pi R qui subit dans le référentiel extérieur
une contraction relativiste la réduisant à la valeur de 2pi
R.
Maintenant, prétendre que la même roue rigide qui tournait
puisse aussi être au repos, c'est prétendre faire une transformation
isométrique de l'espace courbe du référentiel de la roue
qui tourne, dans l'espace euclidien.
C'est exactement comme vouloir faire la cartographie exacte de tout un continent
sur une carte plane: on sait bien que c'est impossible, qu'il
faut nécessairement déformer tel ou tel aspect des choses dans
l'opération.
En tout cas cet obstacle inévitable n'a rien à voir avec des
imperfections d'ordre mécanique ou des erreurs d'observation.