Sur son site

Ce qu'on y trouve:

- L'annonce de ses avancées et résultats. C'est-à-dire la liste interminable de tous les résultats et toutes les observations de la physique actuelle, qu'il prétend expliquer par sa théorie. La même chose que dans son livre grand public finalement, mais en plus énergique.
Le problème, c'est qu'en lisant cela on n'apprend rien. On trouve l'affirmation qu'il a tout redémontré, mais aucune affirmation supplémentaire éventuellement testable pour l'avenir ou qui permette de nous éclairer sur la manière dont il aurait effectivement redémontré tout cela.
De plus, cette liste n'est pas intéressante à donner et est un grand gaspillage de temps de lecture, puisqu'elle énumère essentiellement tout ce qu'on sait, et qu'il serait donc beaucoup plus rapide de préciser ce qui reste qu'il ne prétend pas avoir expliqué. C'est encore là au minimum un manque de bon sens que de ne pas daigner épargner la sueur des lecteurs consciencieux de cette manière.


- Enfin, en cherchant bien, j'y ai trouvé son Explication de l'électromagnétisme et de son groupe de jauge par sa variable d'échelle et son principe de relativité d'échelle. Précisément, il "explique" l'invariance de jauge U(1) de l'électromagnétisme, qui, à ce qu'il dit, manquait cruellement d'explication parce qu'on ne pouvait pas construire ce fibré à l'aide seulement des dimensions d'espace-temps et donc on ne savait pas d'où il venait, en le réduisant à sa nouvelle variable d'échelle. Ainsi, le groupe de jauge U(1) est réduit au groupe des changements d'échelle.

Mes réactions:
- Il prétend expliquer une chose symétrique comme étant faite de quelque chose de manifestement dissymétrique (puisque, comme remarqué plus haut, la symétrie d'échelle est partout brisée). Première contradiction. En effet, le propre d'une chose symétrique est qu'on n'a pas besoin de la construire ni de l'expliquer, si ne n'est d'expliquer pourquoi elle n'est pas construite au moyen de choses dissymétriques justement.
- Il ne respecte pas la symétrie de son signe. En effet, la charge et donc la variable de jauge change de signe quand on passe à l'antimatière ou quand on renverse le temps (symétrie qui serait brisée dans certaines particules exotiques il me semble mais bon), mais l'inversion d'une homothétie porte à conséquence.
- Super, l'isomorphisme entre U(1) et le groupe multiplicatif de R+ des changements d'échelle.
- Il parle de dérivée covariante d'échelle. Pour ce que je sais des dérivées covariantes, correspondant à un groupe de jauge donc, ou bien elle est plate ou elle est courbe. Si elle est plate elle est triviale, et si elle est triviale il ne s'y passe rien. Or, concernant la variable d'échelle, il est évident qu'elle est trivale, justement parce qu'on ne peut pas grossir une molécule d'eau pour lui donner une largeur de trois mètres rien qu'en lui faisant faire un bout de chemin. Concernant l'électromagnétisme, l'intérêt de la connexion U(1) c'est justement sa courbure. Aucune similitude de comportement en vue, donc.

Analyse d'un article

Une discussion sur fr.sci.physique m'a amené à conclure par le message suivant (légèrement réarrangé ici):

... je viens de faire l'effort de me pencher une nouvelle fois attentivement sur son article
" Relativité d'échelle, non différentiabilité et espace temps fractal"


Là encore, je me permets d'en juger d'après ce qui est contenu dans son article sans aller voir les ouvrages qu'il cite. S'il est vraiment sincère et n'a rien à cacher il doit expliquer clairement à ses lecteurs le sens de ses formules dans un article gratuitement téléchargeable sans s'appuyer sur autre chose.
Mais surtout, en l'occurence, les affirmations et argumentations présentes dans ce texte ont suffisamment "l'air" de se suffire à elles-mêmes pour que, si elles sont honnêtes, elles ne seront pas certainement pas mieux expliquées ailleurs sous peine de se contredire.
Je ne vois pas comment il pourrait ailleurs leur donner un sens défendable sans trahir le semblant d'articulations qu'il donne ici. Ses affirmations sont "claires", et clairement absurdes.

En gros, sa démarche c'est comme dans la cour de récréation où on calcule l'âge du capitaine en fonction de la température de l'air et autres paramètres du même style, sauf qu'au lieu d'utiliser simplement les opérations d'addition, de soustraction et de multiplication pour relier les variables, on utilise les formules de Lorentz et on appelle ça de la relativité restreinte d'échelle. Et tous ses autres développements sont de la même veine: il ne définit rien de ce qu'il introduit, il se contente de vernir des non-sens d'une teinture mathématique par son usage de formules à tort et à travers. Ou pour le dire autrement, de recoller ensemble des formules de diverses théories valides de manière aléatoire pour en faire un amas informe.

C'est bien pire qu'un "manque de fondement épistémologique pour le principe de relativité d'échelle": il ne définit rien, ses propos et formules n'ont pas de sens.

Plus concrètement:

Bien sûr le théorème de Lebesgue il est vrai, ya rien à y redire.

- Bon, on introduit le epsilon comme servant à régulariser les fonctions par une formule comme (2). C'est bien gentil mais je ne vois pas le rapport avec la suite où ce genre de formule fondatrice n'intervient nulle part concrètement. Surtout pas dans son interprétation de l'électromagnétisme.

- Il définit sa dérivée d'échelle comme étant la dérivée par rapport à la variable d'échelle à position constante. Bon, ça veut dire que la notion de position (d'évènement) est définie indépendamment de l'échelle. Donc son espace-temps est un bel ensemble de points mathématiques indépendamment de l'échelle. Comme à une échelle donnée on peut dériver par rapport à ses coordonnées, donc ses coordonnées sont lisses et indépendantes de l'échelle, donc elles sont lisses dans l'absolu. Donc l'espace-temps est différentiable.

- "Changeons l'origine du système de coordonnées" (10): son +L1 indépendant de l'échelle est issu de nulle part, n'a aucun sens.

- Formule (19): je défie quiconque de donner quelque justification que ce soit à ce parachutage de l'indice mu comme correspondant aux coordonnées d'espace-temps, d'une manière géométrique c'est-à-dire indépendant du système de coordonnées choisi (invariant par isométrie). Autrement dit, donner un sens à l'expression "les quatre résolutions spatio-temporelles" qui en fasse les composantes d'un quadrivecteur spatiotemporel.

Ca suffit ou il en faut d'autres ?
....

Retour : critique de la relativité d'échelle de Laurent Nottale
Analyse de "Fractal space-time and microphysics" chapitre 1

Si la relativité et la physique théorique vous intéresse, une présentation rénovée se trouve ici: La relativité restreinte rendue intuitive