Sur les enfantillages anti-relativistes de certains sites

Note: cette page fut initialement rédigée a l'intention d'Arfe-Cursus qui avait référencé les deux sites en question ainsi que ceux de relativité d'échelle que je n'avais pas encore examiné. Depuis, ebraw a mis une reponse sur son site, et moi aussi en retour; le site de jp Galinat a cessé d'exister, arfe a supprimé ces deux liens mais a gardé ceux de relativité d'échelle.

En visitant les deux sites

  1. http://members.aol.com/jpgalinat/ap01.htm ("La relativité remise en question") -
  2. http://perso.wanadoo.fr/ebraw/ ("renouveau de la Physique Fondamentale")
j'ai été (sur le moment) effaré de voir une telle manifestation d'ignorance de leurs auteurs vis-à-vis du sens de la théorie de la Relativité, et plus généralement de l'état de la physique moderne. (puis, cela ne m'etonne plus: c'est simplement lamentable et ce n'est pas mon probleme).
Ils croient pouvoir rejeter la Relativité par des arguments ordinaires, en ignorant la force de ses innombrables confirmations dans la Physique actuelle, tant théoriques qu'expérimentales, n'ayant rien à faire avec le hasard comme pense l'un, ni le conformisme comme pense l'autre, même si hasard et conformisme peuvent parfois peser par ailleurs (dans une moindre mesure évidemment).

Eventuellement, à supposer qu'ils soient sincères, cette erreur peut s'excuser du fait que les cours habituels de Relativité restreinte tendent ce piège sans le vouloir, en reproduisant tels quels, par habitude, les arguments ayant inspiré historiquement sa naissance et jugés suffisants, sans prendre la peine d'en signaler le rôle actuellement si... relatif.
Ainsi, ces deux sites ignorent gravement le sens et l'ampleur des confirmations de la Relativité ultérieures à sa découverte, tres supérieures aux expériences historiques mentionnées qui l'ont inspirée au départ.
De même, notre monde serait peut-être trop envahi d'élements de vulgarisation qui expliquent aux gens les choses d'une manière exclusivement superficielle sans les avertir convenablement du sens de cette superficialité, en sorte qu'ils n'ont pas conscience du fait que les scientifiques ont autre chose dans la tête quand ils vous racontent ça.

Comme je l'explique sur mon site, en resumé, les choses sont plus simples en Relativité qu'en physique classique. Donc cela n'aurait aucun sens de vouloir simplifier les choses en donnant des interprétations classiques pour des expériences qui ont justifié la Relativité: en fait cela ne peut que les compliquer, quelle que soit l'apparente simplicité des modèles invoqués.

Plus bas, des détails de critiques qu'on peut adresser aux deux sites mentionnés, même si cela n'est pas intéressant, puisque leurs propos n'ont aucune valeur.

Le problème avec ce débat, c'est qu'il est peut-être difficile de faire pleinement sentir la faiblesse de ces "théories" par des arguments comme ils demandent, qui tiendraient en deux minutes, car leurs propos appartiennent au langage "classique" de la science vulgarisée, tandis que leur faiblesse et la valeur des critiques à leur encontre (données ici ou non) ne sont bien évidents que du point de vue des connaissances fondamentales de la physique moderne, dans lesquelles ils refusent d'entrer. Je pense ne prendre aucun risque en disant que quiconque connaissant suffisamment la physique théorique confirmera le jugement que j'exprime ici.

Que ces contestataires aient tort ne signifie pas pour autant que tout va au mieux dans la meilleure des institutions. Voir par exemple ce qu'en pense , Jacques Harthong. Voir aussi mon avis sur le système d'enseignement et sa voie vers la recherche. Mais les problèmes qu'il peut y avoir ne relèvent pas de la théorie du complot ou de la folie collective d'un style tel que dépeignent un certain nombre d'auteurs de sites ici critiqués notamment. Les gens suivent ce qu'ils croient d'une manière souvent raisonnable, ou leur intérêt personnel ou leur intérêt thématique, ou la nécessité de leurs fonctions.

Ci-dessous la critique du premier site. Celle du deuxieme se trouve ici.



1. http://members.aol.com/jpgalinat/ap01.htm

Le site de JP Galinat "La relativité remise en question" est simplement vide. Sa "théorie" alternative est hypersimpliste. Il suppose qu'en physique on peut dire n'importe quoi.

Bien qu'il soit difficile de s'étaler sur les propriétés de l'ensemble vide, voici en vrac quelques remarques.

Sa "théorie", enfermée dans la vision corpusculaire des photons, est incompatible avec l'existence d'un comportement ondulatoire de la lumière, et même incapable d'expliquer que la lumière aille en ligne droite dans un milieu transparent homogène. La loi de réfraction, que pourtant il cite, serait incompréhensible dans son modèle. Il se contente en effet de donner une explication fantaisiste de la diminution de la vitesse des photons, et d'admettre le lien entre réfraction et diminition de la vitesse de la lumière dans le milieu, oubliant que ce lien est indissociable de la physique ondulatoire qu'il rejette.

Il veut tout expliquer par les particules auxquels il donne le monopole de la réalité, des "causes" et des "raisons profondes" par opposition aux ondes qui n'ont pour lui aucun sens (il est vrai que l'intuition des ondes est moins facile à communiquer que celle des particules). Les causes profondes (dont celle du ralentissement de la lumière dans les milieux transparents) sont pourtant bien dans les ondes, mais il les voit seulement comme des "calculs".

Voici le message que je lui ai adressé:

(...)
"Si nous nous replaçons avant 1905, ma théorie aurait été une théorie candidate"
Je pense qu'elle aurait fait rire autant qu'aujourd'hui, si encore vous aviez pu y penser ce dont je doute car avant 1905, il n'était pas question de photons. La lumière était connue comme étant une onde électromagnetique et rien d'autre. Votre théorie aurait pu être candidate jusqu'au temps de Descartes seulement, et encore, la théorie de Descartes explique bien mieux que la vôtre la loi des sinus.
Comment donc la théorie ondulatoire de la lumière est-elle compatible avec votre théorie ? Ne me dites pas que c'est d'après la physique quantique: il est clair que de la physique quantique vous ne connaissez que la "petite histoire" et les paradoxes...
Connaissant la physique quantique, je sais qu'en aucun cas elle ne peut fabriquer ou expliquer les comportements ondulatoires à partir des comportements corpusculaires. Si on la comprend, on voit que cela n'a aucun sens de vouloir expliquer ce qu'il y a de propriétes ondulatoires classiques de la lumière par autre chose que la théorie classique de l'électromagnétisme.
Or les propriétés ondulatoires de la lumière dans les milieux sont connues et précisement vérifiées par l'expérience. (le principe qualitatif est clair, seule l'application numérique pour calculer la valeur effective des indices est problématique de par sa complexité). Donc les photons n'ont rien à faire là-dedans, surtout pas en tant que particules de mécanique classique. En fait, votre théorie est directement réfutée par les propriétés ondulatoires.

Au fait, savez-vous en quoi la physique quantique réhabilite "dans une certaine mesure" le modèle corpusculaire de Descartes d'explication de la loi des sinus, comme traduction de sa cause ondulatoire, tout en réservant au modèle ondulatoire le droit de parole sur la vitesse de la lumière dans les milieux ?
(...)

[message suivant que je lui ai envoyé, auquel il n'a plus répondu :]

>Normalement avec une Maîtrise es-Sciences Physiques + 1 année
>de préparation de concours d'enseignement (avant de bifurquer vers
>l'informatique), cela devrait aller non ?

Ca dépend. Quels cours avez-vous suivi ? Un cours de relativité générale ? Un cours de physique quantique (incluant operateurs X et P, utilisation des transformations de Fourier, équation d'onde d'un électron dans un champ électromagnetique extérieur) ?
Si vous aviez suivi un tel cours, vous comprendriez ma remarque sur le modèle de Descartes: c'est la quantité de mouvement du photon qui est identique dans les 2 modèles.

Il y a un décallage important entre les milieux de la recherche et de l'enseignement. C'est un grand défaut de l'enseignement que je déplore sur mon site: les théories sérieuses ne sont généralement enseignées que dans les dernières années d'université, et encore ça dépend des filières, options et spécialités. On perd beaucoup de temps en premier cycle (sans parler de l'enseignement secondaire) à apprendre les choses suivant des méthodes peu efficaces, par rapport a ce qu'on pourrait faire dans l'idéal et que je projette de mettre au point.



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