Chapitre 2
La relativité générale est une
théorie fondée sur des principes physiques fondamentaux:
covariance générale et principe d'équivalence. Son
outil mathématique apparaît comme un moyen naturel de mise
en oeuvre de ces principes. Au contraire la mécanique quantique
reste une théorie purement axiomatique. Elle se fonde sur des
règles mathématiques qui n'ont pas, jusqu'à
présent, pu être comprises à partir de
mécanismes plus fondamentaux.
Je ne vois pas la différence. La seule différence, c'est
que
les principes de la relativité générale sont
facilement
popularisables. Ceux de la mécanique quantique le sont moins,
mais
ils existent: "équivalence" avec la mécanique statistique
avec
le facteur exp (iS/hbar) au lieu d'une exponentielle réelle
décroissante;
invariance de jauge dont la parenté profonde avec le principe
d'équivalence
de la relativité générale n'a
échappé
à aucun physicien.
il ne faut pourtant pas oublier que la relativité
générale reste une théorie partiellement locale
(son outil fondamental, l'élément de métrique, est
de nature différentielle) et est peut-être insuffisante
pour appréhender la topologie globale de l'univers.
Et pourquoi faudrait-il qu'il y ait une théorie pour
prédire la topologie globale de l'univers ? Les théories
font des prédictions de résultats comme dépendant
des conditions initiales et des
conditions aux limites du système. Si la théorie devait
aussi
prédire les conditions initiales ou les conditions aux limites,
on
ne pourrait pas faire plusieurs expériences avec des conditions
différentes,
ce qui est absurde. Pour la même raison, je ne vois pas le
problème
à admettre la topologie de l'univers comme une affaire
contingente
(contextuelle), éventuellement reliable à ce qui a pu se
produire
lors du big-bang si on arrive à l'appréhender...
Si on veut faire une théorie physique non locale, elle permettra
sans
doute de transmettre de l'information plus vite que la lumière,
en
contradiction avec ce qu'enseigne la relativité (même la
non-localité
de la physique quantique peut se voir comme quelque chose de local en
un
certain sens...).
Rappelons l'énoncé qu'Einstein a donné du
principe de relativité générale...
Bof, le vrai sens de cet énoncé est de relativiser le
choix
d'un système de coordonnées, exprimant l'emploi de
coordonnées
non cartésiennes mais curvilignes, les coordonnées
cartésiennes
n'étant plus possibles. Le présenter en termes d'un
principe
de relativité du mouvement est en fait une approche assez
éloignée
des principes, puisque la notion de mouvement n'est pas fondamentale
mais
est une construction en termes de perceptions familières. Pour
faire
une analogie qui tienne la route sérieusement ce n'est pas ainsi
qu'on
y arrivera.
D'ailleurs nous allons démontrer en Sec. 6.4 que ce postulat
supplémentaire n'est pas nécessaire pour obtenir la
transformation de Lorentz, qui est en fait la transformation la plus
générale qui satisfait au principe de relativité
restreinte, dès sa forme galiléenne.
Cette démonstration est un classique de la relativité
restreinte, ce qui n'avance pas
la définition d'un principe de relativité
d'échelle.
La traduction mathématique du principe de relativité
est la covariance générale:3 "les lois
générales de la nature doivent s'exprimer par des
équations valables dans tous les systèmes de
coordonnées, c'esdt à dire qui restent covariantes dans
toutes leurs transformations ".
Certes en un sens.
Mais je ne vois pas le rapport avec les référentiels
d'échelle,
dans lesquels par définition et contrairement à ce qui
est
valable ici, on a détruit beaucoup d'information sur
l'état
physique des systèmes puisqu'on en fait des approximations,
à
partir de quoi il n'y a plus d'équation à exprimer. Et
les transformations qui changent de niveau de résolution
détruisent des informations sur le système et ne sont
donc pas inversibles.
Il semble clair à la lecture des axiomes qui
précèdent que l'essence du caractère
mystérieux de la mécanique quantique peut se ramener
à la question : où se trouve le plan complexe de la
mécanique quantique ? Nous allons dans le présent livre
proposer une solution à ce puzzle en montrant qu'un plan
complexe émerge naturellement dans l'espace-temps (ou
plutôt dans l'espace des vitesses) à partir du moment
où l'on abandonne l'hypothèse (arbitraire) de
différentiabilité de l'espace-temps.
Ce plan complexe, autrement dit cette notion de phase des états
quantiques,
est justement l'expression d'un principe de relativité propre
à
la physique quantique, qu'on pourrait appeler le principe de
relativité
des phases: la phase d'un état quantique ne peut pas se mesurer
dans
l'absolu mais seulement relativement à une autre phase, par
interférence.
Vouloir réduire cet objet à autre chose lié
à
l'espace-temps, c'est aller à l'encontre de ce principe de
relativité.
Plus généralement, les autres principes de
relativité
qu'on rencontre en physique quantique, à savoir les invariances
de
jauge, sont d'autant mieux des principes de relativité
authentiques
et riches qu'ils sont indépendants de notre espace-temps
à
4 dimensions. Ils se rapportent à ce qui ressemble à des
dimensions
supplémentaires, et les théories des cordes basées
sur
des espaces de dimension nettement supérieure à 4 portent
justement
l'espoir d'interpréter ces invariance de jauge comme
correspondant
aux dimensions supplémentaires de l'espace physique,
au-delà de nos 4 dimensions
d'espace-temps. D'ailleurs, on peut remarquer que c'est une grande
avancée
de la théorie de la relativité que de nous projeter dans
un
espace de dimension 4, au-delà de notre habitude d'un espace
à
3 dimensions, et de profiter des invariances par rotation dans cet
autre
espace. Que répondre à la question naïve des gens
à
qui on parle de la relativité pour la première fois :
"Mais
où se trouve donc la quatrième dimension ?" ? Eh bien...
elle
ne se trouve pas dans nos 3 dimensions d'espace en tout cas. Pour la
même
raison, la recherche d'une construction des autres invariances de la
physique
quantique comme construites à partir de notre espace-temps de
dimension
4 (comme il annonce à la fin de son article ci-dessus
mentionné au sujet de l'interaction faible) me semble
insensée. Cela détruirait tous les principes
de relativité largement établis à ce jour en tout
cas.
Deux explications valent mieux qu'une
Il avait déjà expliqué, comme nous disions, la
nature du caractère relatif de la phase de la fonction d'onde
d'une charge, autrement dit l'intervention du groupe de jauge U(1) de
l'électromagnétisme, en identifiant cette fonction de
phase à la variable d'échelle. Mais ici dans son livre
(partie ne figurant pas dans les chapitres ici reproduits mais qu'au
peut voir traîner ailleurs), il explique en plus la nature
complexe de la fonction d'onde en définissant sa partie
réelle et sa partie imaginaire comme représentant
respectivement la demie-somme et la demi-différence des
dérivées à gauche et à droite de la ligne
d'univers fractale de la particule. Je ne sais pas comment il fait pour
expliquer qu'une variation du champ d'échelle suivant un certain
facteur (lequel ?) entraîne un échange des
dérivées à gauche et à droite. Probablement
cela signifie-t-il qu'avec les charges il y a de la spirale dans l'air,
qui tourne d'un demi-tour quand on la zoome d'un certain facteur, mais
alors on se demande pourquoi il ne l'a pas écrit explicitement.
Peut-être la ligne d'univers aurait des détails en spirale
à toutes les échelles. C'est bien gentil, mais pourquoi ?
Oh vous savez, il ne faut surtout pas poser trop de questions. On
était partis de correspondances hypothétiques
posées au hasard entre les effets, et là nous voyons
qu'en grattant un peu cela devait reposer sur telle forme un peu plus
précise, mais dont on ne voit nul mécanisme raisonnable
susceptible de l'engendrer. Bon, mais ce n'est pas le tout, car s'il y
a des spirales, dans quel sens tournent-elles ? Dans le sens du spin
peut-être ?? Il n'y a pourtant aucune nécessité de
principe à ce qu'une particule chargée ait un spin. Et
dans l'espace-temps de dimension 4 ça donne quoi ??
Trève de prise de tête, ne cherchons pas si loin, mais
reportons-nous au théorème d'analyse suivant que tout
étudiant en mathématiques devrait savoir
redémontrer en exercice:
Théorème. Si f est une fonction continue
d'un intervalle de R dans R, partout dérivable à gauche
et dont la fonction dérivée à gauche est continue,
alors f est dérivable (donc f est dérivable à
droite et ses fonctions dérivée à gauche et
à droite sont égales).
CQFD.
L'opération consistant à localiser un
événement a les propriétés suivantes
Suit un mélange de choses faussement comparables, qui
embrouillent les idées.
Je réordonnerais tout cela en les catégories suivantes:
1) La définition d'une structure mathématique
sensée
représenter l'espace: un espace affine, une
variété
riemannienne, une variété topologique, une
géométrie non-commutative ou tout ce qu'on
voudra; toute autre structure mathématique construite dessus et
sensée
représenter les objets physiques (champs comme applications ou
distributions,
etc), et l'expression de telle ou telle loi de la physique comme
relation
mathématique entre ces structures.
Il s'agit là de lois de la physique supposées exactes
dans
la mesure des expériences qui ont pu être
réalisées,
et cette supposition se base sur la globalité des
expériences
très diverses réalisées dans le passé, via
l'hypothèse
de plausibilité suivante: c'est que "vraisemblablement", telle
ou
telle sorte d'écart (erreur, approximation) d'amplitude
significative
(de tel ordre) séparant d'un côté cette
théorie
idéale, de l'autre côté la réalité
des
lois de la nature, aurait dû vraisemblablement avoir des
répercutions
observables dans une quelconque des expériences
effectuées
au cours de l'histoire de la physique expérimentale, qui nous
aurait
apparue inexplicable et aurait abouti à remettre en cause les
théories;
comme cela n'a pas eu lieu, on peut donc tenir ces lois pour exactes
suivant
une excellente approximation.
2) C'est bien gentil tout ça, mais en pratique, les lois ainsi
formulées s'avèrent d'une complexité inextricable
pour
la résolution des problèmes particuliers qui nous
intéressent.
On a donc besoin d'un système d'approximations
théoriques,
simplifiant la complexité mathématique du modèle
par
des hypothèses de régularité qui permettent,
à
partir de l'expression théorique générale des lois
de
la physique écrites au 1), d'exprimer finalement la
résolution
théorique d'un problème donné par des formules
relativement
simples mais dont l'exactitude est beaucoup moins fine (et donc
beaucoup
plus éloignée de la réalité physique) que
celle
du 1); ou encore par exemple la finitisation du problème en
termes
de pixels ou autres éléments finis aboutissant à
des
calculs numériques.
3) Le choix d'un système de coordonnées, qui fait
correspondre les points de l'espace abstrait de la théorie
à un système de nombres réels (ou entiers dans le
cas d'un ensemble de points discrets), ce qui est une
équivalence mathématique exacte entre deux
systèmes mathématiques aussi idéaux l'un que
l'autre, dont l'un est symétrique
(existe en soi indépendamment des coordonnées) tandis que
l'autre
est numérique (se rapporte à un objet de
référence
arbitraire). Le repère invoqué peut être ou non
relié
au choix particulier de méthode des éléments finis
du
2).
4) Une procédure expérimentale visant à donner des
informations
approximatives sous forme chiffrée à propos de
l'état
de tel système physique particulier qu'on a en face de nous,
dont
on veut savoir à quels objets mathématiques du
modèle
théorique il pourrait correspondre. Cela procède par
éliminations,
chaque mesure permettant d'éliminer pas mal d'états
théoriques
qui restaient autorisés par les mesures
précédentes.
On espère que le domaine des possibilités qui resteront
à
la suite de ces mesures correspondra grosso modo à un seul
"état
approximatif" du système, au sens défini au point 2)
(mais aucun principe ne l'assure a priori).
On remarque que les imperfections du 4), liées aux appareils de
mesures,
n'ont a priori rien à voir ni avec les approximations de 2), ni
encore
moins avec l'expression théorique des lois de la physique du 1).
(développement de l'argument pas fait.... )
... à la fin du chapitre, il donne finalement un soi-disant
énoncé
de son principe de relativité d'échelle, par quelque
chose
qui ressemble superficiellement à une formule. Plus ça
prétend
se donner une allure de précision, plus ça branle dans le
manche.
Que peut-on répondre à ce genre de démarche, qui
prend
un malin plaisir à naviguer dans le flou pour minimiser les
risques
de réfutation (on ne peut réfuter que s'il y a quelque
chose à réfuter) tout en laissant superficiellement
planer des airs
de précision pour embarquer l'enthousiasme de ceux qui ne font
pas
attention. Je ne vais pas énumérer la liste de tous les
aspects
de cet énoncé qui manquent de sens (il faudrait presque
tout
répéter en fait) mais je vais juste proposer le petit
exercice
suivant.
Soit une fonction f(t,x,y,z;Dt,Dx,Dy,Dz).
Soit le nouveau système de coordonnées obtenu par
rotation d'un huitième de tour dans le plan (x,y), soit
x'=(x+y)/Rac(2)
y'=(y-x)/Rac(2)
Exprimer la fonction f'(t,x',y',z;Dt,Dx',Dy',Dz)
obtenue par transformation de f lors de ce changement de repère.
Inverser la transformation pour exprimer f en terme de f'.
Vérifier qu'on retrouve le f de départ.
Pour en savoir plus sur ce livre:
un résumé se
trouve ici.
Retour au sommaire: critique de la
relativité d'échelle de Laurent Nottale
Précédent: analyse du Chapitre 1
Si la relativité et la physique théorique vous
intéresse, une présentation rénovée se
trouve ici: La
relativité restreinte rendue intuitive - English version: Special relativity
theory made intuitive