Réfutation du principe de relativité d'échelle au niveau classique

Que peut signifier le principe de relativité d'échelle de Laurent Nottale (qui d'ailleurs n'existe pas, mais faisons comme s'il y en avait un) ? Il énoncerait que les lois de la physique s'appliquent dans tous les référentiels d'échelle. Encore fallait-il avoir accès à sa définition de la notion de référentiel d'échelle, que j'ai trouvé dans son article " Relativité d'échelle, non différentiabilité et espace temps fractal".
Qu'est-ce qu'un référentiel d'échelle, d'apres ce texte ? C'est une approximation de l'état physique de la matière où on néglige tous les détails de taille inférieure à l'échelle considérée.

Essayons d'appliquer une telle définition (comme je ne crois pas qu'elle existe, et encore moins qu'elle existe suivant la maniere dont elle est expliquée dans cette référence, je ne suis pas responsable des aberrations qui en resultent) sur des exemples: à l'échelle macroscopique il y a une loi de la physique qui s'appelle la loi du frottement (d'un solide sur un autre), et qui s'exprime à l'aide d'un coefficient de frottement (scalaire). Il n'existe pas une telle loi à l'échelle atomique, ni à l'échelle galactique (puisqu'il n'existe pas de solide).
Prenons deux solides identiques à l'échelle macroscopique, faits de la même matière mais tels qu'à l'échelle microscopique l'un est lisse et l'autre rugueux. Alors la loi du frottement macroscopique ne s'applique pas avec le même coefficient sur les deux.

On pourrait multiplier les exemples à l'infini: quelles lois de la physique déterminent le comportement d'une fourmilière si les fourmis sont approximées par des points ? Le comportement d'un ordinateur et de son imprimante si le microprocesseur est approximé par un point, ou si on néglige l'état particulier de chaque bit de mémoire vive ? D'un organisme vivant si on néglige l'information portée par son ADN, les virus qui se propagent dans l'air, ou le mouvement et la constitution des molécules qui transmettent l'information nerveuse motrice ?

On sait que les phénomènes physiques ont des propriétés très différentes suivant les échelles. Que la physique classique ne peut rendre compte du paradoxe EPR de la physique quantique, qui est incompatible avec la description des propriétés de la matière "à l'échelle macroscopique" au sens du principe de relativité d'échelle c'est-à-dire à partir d'une description où on supprime toute information sur l'état quantique (microscopique) des systèmes.

Cette transition peut s'expliquer ainsi:
La loi fondamentale de la physique est la mécanique quantique, qui s'exprime à l'échelle atomique. C'est ainsi, parce que la mécanique quantique énonce que le nombre des états possibles d'un sytème physique (à savoir, la dimension de l'espace de Hilbert) est limité par le volume spatio-temporel et la quantité d'énergie disponibles pour le système. Ainsi pour l'atome avec les énergies de liaisons covalentes, ainsi pour les excitations des noyaux atomiques qui nécessitent une grande énergie et qui n'arrivent donc qu'exceptionnellement dans les conditions courantes. Il suffit à la précision de la description d'énumérer la liste complète finie des états quantiques possibles dans ce domaine de volume et d'énergie, sans aller chercher les précisions des mécanismes aux échelles inférieures, car cela ne peut apporter tout au plus que quelques corrections mineures aux lois de probabilité qui se calculent par la théorie, en sorte que la probabilité soit forcément faible (au sens du hasard quantique) qu'il en résulte un comportement différent de celui attendu.

Quand on regarde à des échelles supérieures, le nombre d'états possibles explose. Si on prétend faire des approximations aux échelles supérieures, c'est-à-dire qu'on limite la quantité d'informations disponibles sur le système, cela implique de confondre des états qui étaient quantiquement distincts. Alors certes il y a la mécanique statistique avec sa notion d'entropie, qui présente ce genre de considération. Mais alors, d'abord on remarque qu'il s'agit d'un phénomène nouveau par rapport aux descriptions quantiques, mais surtout cela n'est pas satisfaisant: le nombre d'états quantiques explosant, le regroupement de ces états en classes d'équivalence d'états qui se ressemblent ne peut pas compenser la multiplication du nombre de classes d'équivalence, autrement dit des états qui ne se ressemblent pas.
Or, d'après les exemples que nous venons de décrire précédemment, aborder le problème du regroupement des états en classes d'équvalence en termes d'approximations d'échelles (confondant les détails suivant le critère de leur petitesse) n'est pas pertinent.

En conclusion, non seulement les paramètres des lois de la physique diffèrent suivant les échelles, non seulement ce ne sont pas les mêmes lois qui s'appliquent à des échelles différentes, mais, tandis qu'à l'échelle atomique il existe des lois de la physique (à savoir la physique quantique), par contre aux échelles macroscopiques (grandes devant l'échelle atomique) suivant sa définition des référentiels d'échelle, il n'y a pas de loi de la physique du tout qui puisse s'appliquer au sens rigoureux du terme, en dehors bien sûr des quelques contraintes de bilan style conservation globale de l'énergie, de la quantité de mouvement et de la charge électrique dont traite la relativité générale.

Retour au sommaire : critique de la relativité d'échelle de Laurent Nottale
Analyse de "Fractal space-time and microphysics" Chapitre 1 - Chapitre 2

La relativité restreinte rendue intuitive